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  • Photo du rédacteurSophie Chartrand

Les besoins des personnes endeuillées

Dernière mise à jour : 18 sept. 2019


Durant les premiers jours du deuil, l’endeuillé, sous le choc, est souvent incapable de s’occuper correctement de lui-même.

Il peut donc avoir besoin que l’entourage veille aux tâches quotidiennes comme par exemple la préparation des repas. Le simple fait de lui rappeler l’importance de se nourrir et de dormir n’est pas négligeable en début de deuil. C’est aussi à ce moment que l’endeuillé doit accomplir plusieurs tâches administratives alors qu’il est dans une période où sa concentration et sa mémoire peuvent être grandement affectées. Il a donc besoin d’être accompagné et soutenu dans l’exécution de responsabilités diverses comme par exemple tout ce qui entoure les préparatifs funèbres et la succession.

Les auteurs s’entendent pour dire que les endeuillés ont d’abord et avant tout besoin d’humanité. Nous faisons ici référence au savoir-être de chaque individu dans lequel on retrouve une attitude authentique, non-jugeante, accueillante et respectueuse. ( DeMontigny, 2005; Jacques, 1998; Monbourquette, 2003; Régnier, 2004).

Bien souvent, devant la détresse, les gens cherchent à apaiser la souffrance de l’autre par des encouragements maladroits. Ces propos sous forme de conseils servent davantage à généraliser et banaliser le vécu de l’endeuillé. Bon nombre d’endeuillés ont entendu au cours de leur deuil des phrases pouvant ressembler à : « Au moins il n’a pas trop souffert », « C’est la volonté de Dieu », « Ca fait partie de la vie» , « Tu devrais te débarrasser des souvenirs le plus vite possible », « Tu ne devrais pas habiter encore dans la même maison », etc. Ces remarques ont souvent pour effet d’accentuer la colère et l’isolement des endeuillés qui n’osent plus se confier à qui que ce soit. Ainsi, le besoin premier des endeuillés est de se sentir écoutés et compris dans leur histoire qui est unique. Ils ont besoin de parler et pour ce faire, il doit y avoir un récepteur présent, attentif, compatissant et sensible. Ils ont besoin d’exprimer et de ventiler en toute confiance les diverses émotions qui se bousculent à l’intérieur d’eux (Jacques, 1998; Monbourquette, 2003; Régnier, 2004).

Ils ont aussi besoin de raconter en détail les derniers moments partagés avec le défunt et les circonstances du décès (Monbourquette, 2003). Le fait de reprendre le récit de la mort a pour objectif d’assimiler graduellement la réalité de la perte. En plus de se remémorer les derniers moments, il est nécessaire au travail de deuil que les endeuillés reprennent l’histoire entière de la relation. Cela demande beaucoup de patience à l’entourage qui doit se rappeler le rythme lent du deuil d’où l’importance de respecter le cheminement propre de chacun sans brusquer ou brûler d’étapes. Notre société a cette tendance à vouloir écourter le deuil en pathologisant les gens qui ont des symptômes dépressifs trois mois après le décès. Il est à noter que la phase dépressive du deuil survient généralement six mois après le décès : moment où l’endeuillé se retrouve souvent seul et délaissé alors que c’est à cette période qu'il aurait le plus besoin du soutien de son entourage (M. Hanus, 2003).

Devant la lourdeur émotive, les endeuillés ont peur d’être anormaux et de devenir « fous ». Ils ont donc besoin d’être rassurés sur la normalité de leurs sentiments tout en étant reconnus et validés dans la souffrance exprimée. Socialement, le deuil est parfois perçu à tort comme une maladie où l’on cherche à médicamenter et psychiatriser les individus. Mais dans certains cas, il est vrai que certains endeuillés nécessiteront une aide plus spécialisée, et c’est en partie le rôle de l’entourage immédiat d’orienter les endeuillés vers des ressources appropriées lorsque le deuil se complique et qu’il y a persistance de certains symptômes.

Dans l’aide aux endeuillés, l'entourage ne doit pas pas tomber dans le piège de l’infantilisation et de la surprotection. Il s’agit plutôt de croire au principe d’autodétermination de l’endeuillé et de favoriser l’autonomie de ce dernier en encourageant toutes les initiatives, aussi petites soient-elles, visant à reprendre du pouvoir sur sa vie. Autrement dit, l’endeuillé a besoin de sentir que son entourage entretient de l’espoir face à l’avenir. Il a besoin de se sentir épaulé et accompagné, sans être brusqué ni dirigé contre son gré.

De plus, considérant que les endeuillés se sentent généralement désorganisés et sans repères, ils ont besoin d’information sur le processus de deuil afin de se comprendre et de se situer à travers les étapes qu’ils sont en train de vivre.

Finalement, plus l’endeuillé est isolé, plus il risque d’avoir besoin d’un soutien extérieur . Pour ces personnes, les groupes de soutien deviennent donc une méthode d’intervention privilégiée apportant de nombreux bienfaits.



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