Durant les premiers jours du deuil, l’endeuillé, sous le choc, est souvent incapable de s’occuper correctement de lui-même.
Il peut donc avoir besoin que l’entourage veille aux tâches quotidiennes comme par
exemple la préparation des repas. Le simple fait de lui rappeler l’importance de se nourrir et de dormir n’est pas négligeable en début de deuil. C’est aussi à ce moment
que l’endeuillé doit accomplir plusieurs tâches administratives
alors qu’il est dans une période où sa concentration et sa mémoire
peuvent être grandement affectées. Il a donc besoin d’être
accompagné et soutenu dans l’exécution de responsabilités diverses
comme par exemple tout ce qui entoure les préparatifs funèbres et la
succession.
Les auteurs s’entendent pour dire que les endeuillés ont d’abord et
avant tout besoin d’humanité. Nous faisons ici référence au
savoir-être de chaque individu dans lequel on retrouve une attitude
authentique, non-jugeante, accueillante et respectueuse.
( DeMontigny, 2005; Jacques, 1998; Monbourquette, 2003; Régnier, 2004).
Bien souvent, devant la détresse, les gens cherchent à apaiser la
souffrance de l’autre par des encouragements maladroits. Ces propos
sous forme de conseils servent davantage à généraliser et banaliser
le vécu de l’endeuillé. Bon nombre d’endeuillés ont entendu au
cours de leur deuil des phrases pouvant ressembler à : « Au moins il
n’a pas trop souffert », « C’est la volonté de Dieu », « Ca fait
partie de la vie» , « Tu devrais te débarrasser des souvenirs le plus
vite possible », « Tu ne devrais pas habiter encore dans la même
maison », etc. Ces remarques ont
souvent pour effet d’accentuer la colère et l’isolement des
endeuillés qui n’osent plus se confier à qui que ce soit. Ainsi, le
besoin premier des endeuillés est de se sentir écoutés et compris
dans leur histoire qui est unique. Ils ont besoin de parler et pour ce
faire, il doit y avoir un récepteur présent, attentif, compatissant
et sensible. Ils ont besoin d’exprimer et de ventiler en toute
confiance les diverses émotions qui se bousculent à l’intérieur
d’eux (Jacques, 1998; Monbourquette, 2003; Régnier, 2004).
Ils ont aussi besoin de raconter en détail les derniers moments
partagés avec le défunt et les circonstances du décès
(Monbourquette, 2003). Le fait de reprendre le récit de la mort a pour objectif d’assimiler
graduellement la réalité de la perte. En plus de se remémorer les
derniers moments, il est nécessaire au travail de deuil que les
endeuillés reprennent l’histoire entière de la relation. Cela
demande beaucoup de patience à l’entourage qui doit se rappeler le
rythme lent du deuil d’où l’importance de respecter le cheminement
propre de chacun sans brusquer ou brûler d’étapes. Notre société a
cette tendance à vouloir écourter le deuil en pathologisant les gens
qui ont des symptômes dépressifs trois mois après le décès. Il
est à noter que la phase dépressive du deuil survient généralement
six mois après le décès : moment où l’endeuillé se retrouve
souvent seul et délaissé alors que c’est à cette période qu'il aurait le plus besoin du soutien de son entourage (M. Hanus, 2003).
Devant la lourdeur émotive, les endeuillés ont peur d’être anormaux
et de devenir « fous ». Ils ont donc besoin d’être rassurés sur la
normalité de leurs sentiments tout en étant reconnus et validés
dans la souffrance exprimée. Socialement, le deuil est parfois perçu à tort
comme une maladie où l’on cherche à médicamenter et psychiatriser
les individus. Mais dans certains cas, il est vrai que certains endeuillés nécessiteront une aide plus spécialisée, et c’est en partie le rôle de l’entourage
immédiat d’orienter les endeuillés vers des ressources appropriées
lorsque le deuil se complique et qu’il y a persistance de certains
symptômes.
Dans l’aide aux endeuillés, l'entourage ne doit pas pas tomber dans le piège de l’infantilisation et de la surprotection. Il s’agit plutôt de croire au principe d’autodétermination de l’endeuillé et de favoriser l’autonomie de ce dernier en encourageant toutes les initiatives, aussi petites soient-elles, visant à reprendre du pouvoir sur sa vie. Autrement dit, l’endeuillé a besoin de sentir que son entourage entretient de l’espoir face à l’avenir. Il a besoin de se sentir épaulé et accompagné, sans être brusqué ni dirigé contre son gré.
De plus, considérant que les endeuillés se sentent
généralement désorganisés et sans repères, ils
ont besoin d’information sur le processus de deuil afin de se
comprendre et de se situer à travers les étapes qu’ils sont en train
de vivre.
Finalement, plus l’endeuillé est isolé, plus il risque d’avoir besoin d’un soutien extérieur . Pour ces personnes, les groupes de soutien deviennent donc une méthode d’intervention privilégiée apportant de nombreux bienfaits.
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